William ou savoir attendre.

Voici le texte de Jacki HERBET (membre de CALI) qu'il a présenté lors du colloque de l'association licorne et phénix qui avait pour thème : les im'possibles en médiation animale. L'intégrale des présentations de ce colloque seront sur le site de licorne et phénix : http://licorneetphenix.over-blog.com/page-5418554.html

Bonne lecture

William raconte avoir subi un grand traumatisme avec un poney. Alors qu'il avait 10 ans il fait une chute de poney à l'hôpital de jour. A cause d'un chien qui aurait aboyé. Cette chute provoque un coma.

De nombreuses années plus tard il arrive au centre. William est un homme qui présente des troubles graves de la personnalité. La psychose infantile est reconnue. Elle se manifeste, entre autre, par des angoisses majeures, des rituels compulsifs, la crainte des autres, la peur des animaux et par des cauchemars. Les situations nouvelles, les imprévus et les contrariétés sont angoissants.

William est un patient adulte d'un centre de postcure de psychiatrie. Il a 21ans au moment de la prise en charge, mesure 1m90 et pèse 120 kg.Très susceptible, très émotif, très gentil avec l'envie de bien faire. Si quelqu'un élève la voix, il se cache le visage dans les bras. Il dit que son père, qui a quitté le domicile familial alors qu'il avait 4 ans, lui faisait peur, qu'il était violent.

Au bout de quelques temps, il accepte de « venir voir » parce qu'il « aime bien les animaux ».

Mais, pendant plusieurs mois il refuse d’approcher et de toucher un poney. Il est dans le manège et il regarde.

Puis, un jour, il accepte d’en brosser un. Nous prenons toujours le soin de revenir du pré avec autant de chevaux que nous avons de patients ce jour là. Il y avait donc toujours un poney pour William.

Il accepte ensuite d’en mener un en longe et de réaliser quelques exercices. Mais, à chaque résistance du poney, à chaque fois que l’exercice est impossible William se met en colère. Et les colères de William sont courantes. Elle sont démonstratives, très hautes en couleur. Mais toujours dirigées contre lui. Les situations ne sont que des démonstrations de son incapacité à faire les choses bien. A chaque fois que le poney échappe à son contrôle les scènes passées semblent se réactiver et en particulier la chute de cheval.

Afin de se prémunir !!! William choisit de tout petits poneys ( moins de 1m au garrot) alors qu’il fait plus de 1m80.

Progressivement William accepte d’attraper un petit poney au pré, de le brosser, de le masser, etc. Pendant longtemps chaque résistance du poney produit de la colère.

Et les mois passent...

A chaque débriefing et en réunion de soin William tient à faire remarquer la qualité de ses efforts et de la réalité de ses immenses progrès.

William s'apaise vraiment mais nous nous sommes habitué à sa présence, à son choix de travailler uniquement avec de petits poneys

Puis un jour, en mon absence, accompagné par Elisa et Emmanuelle qu'il connaît bien parce qu'elles participent à ces séances depuis longtemps, William franchit le cap. Il monte un grand poney tenu en tête tandis qu’une autre personne l’accompagne. William est très fier de son exploit. Il exprime très fort son plaisir d'être à cheval et d'avoir dépassé ses angoisses

Il dira, plus tard, envisage de continuer et même de monter en extérieur.

Dans la vie courante William fait montre de beaucoup plus de calme et de distance face à des situations qui, précédemment, provoquaient de grandes colères. Son travail s’inscrit plus largement dans les délégations, la vie au foyer, etc. L’état de William s’est considérablement modifié.

«C’est super. C’est un travail avec les chevaux et la concentration. C’est un travail qui se fait tranquillement. Comme je progresse avec cette activité j’ai l’intention de continuer. C’est une super activité à continuer durant les années à venir. » William.

Avec ses poneys William a refait le parcours de la relation à l'autre mais d'un autre qui n'attend rien, qui laisse le temps, le temps pour les colères, le temps pour les caresses, le temps de choisir l'autre, d'être celui qui choisit.

Avec ses poneys William refait le parcours de la confiance, de la confiance en lui et de la confiance en l'autre. Et, quand les deux sont réunis, qu'aucune demande ne vient l'encombrer, l'improbable redevient possible et William peut remonter sur un cheval... puisqu'il n'y a plus de risque. Il n'y a plus le risque de tomber de cheval (l'autre est là), le risque de rater de décevoir (l'autre n'attend rien).

C'est là que l'on peut voir la différence entre un projet éducatif qui est un projet pour (et,dans le meilleur des cas, avec) l'autre et un projet thérapeutique qui est de créer les conditions pour qu'un projet personnel apparaisse.

C'est aussi savoir que le passage est improbable et que nous n'y pouvons rien... sinon créer les conditions et attendre, sans se lasser.

Et c'est là que les chevaux interviennent parce qu'ils peuvent attendre et qu'ils sont sans projet "pour" l'autre

Comments

[Autisme]

Bonjour,


Ça plaît : tant mieux. Ça ne plaît pas : tant pis.


http://en-quete-de-declics.fr/index.php?declic=quete&autisme=Mon-bebe-n-est-pas-comme-les-autres-bebes


Bien cordialement,


Une personne autiste.