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Pour que le cheval soit accessible à tous

Pour que le cheval soit accessible à tous

CALI est une association regroupant des professionnels du médico-social, du milieu équestre, des cavaliers, des parents et toute personne intéressé par les activités associant le cheval, l'équitation adaptée ou équithérapie. L'association a pour objectif : - d'organiser des manifestations, concours pour les cavaliers en situation de handicap - d'informer les parents, cavaliers ou institutions sur les structures accueillant le public en situation de handicap - de former les personnes accompagnantes lors d'activités équestres.


Le poney, des sensations fortes !!!

Publié par Hélène BRIAND sur 5 Avril 2012, 20:35pm

Catégories : #Articles récents

 

 

L’activité sensorielle est antérieure à notre naissance. Ce filon, de moins en moins exploité par le genre humain, est loin d’être épuisé.

Nous sommes équipés physiologiquement pour éprouver un très large panel de sensations.

Il y a des sensations que l’on a en nous, qui sont agréables et qui nous rassurent. Le « holding » tel que le définit Winnicott, est une de ces sensations.

Le holding consiste d’abord en un soutien corporel de l’enfant qui sera, s’il est « suffisamment bon », continu et stable, à la source d’un soutien psychique consistant à procurer un support au Moi immature de l’enfant, afin que celui-ci se renforce et se structure. Le holding est à l’origine du processus d’intégration.

Le cheval, à la différence de la mère, ne maintient pas l’enfant contre lui mais le porte, lui offrant son dos comme support, sa crinière comme poignée.

Il ne faut toutefois pas oublier l’encadrant qui maintient l’enfant de ses mains, le stimule et le rassure de sa voix, le soutient par son regard et qui tient le cheval pour réguler son pas, ses mouvements.

Dans ce cadre, l’allure du pas (allure marchée, basculée comme un bercement binaire tel le rythme cardiaque maternel), très sécurisante, on peut parler de portage de type holding, le cheval faisant vivre à l’enfant une situation rappelant le maternage.

Comme le soulignait C.-G. JUNG : « Animaux porteurs, les chevaux sont en étroite relation avec l’archétype de la mère. »

Grégory est un enfant qui éprouve des difficultés à se tenir immobile. Or, lorsqu’il est à cheval j’ai pu remarquer une plus grande disponibilité car il ne manifeste aucun mouvement parasite. Le mouvement du cheval suffirait-il à le rassurer ?

 

L’avantage des situations de soins, de nourriture, de contacts, de séparation, d’accompagnement, de projections et leurs bénéfices éducatifs prennent sens en référence aux éléments de handling décrits par D.-W. WINNICOTT. Il le définit comme un passage de l’état fusionnel à l’indépendance, soit la personnalisation de l’individu. Cet apprentissage se fait normalement dans la petite enfance (au travers de la toilette, de l’habillage…). C’est la période de différenciation. Mais ces contacts corporels, peau à peau, sont travaillés comme un tremplin dans le but d’une individuation passant par les moments régressifs de symbiose avec l’animal et des séparations qui ont pour but la reconnaissance de l’autre avec tout ce que cela comporte du «  plaisir des retrouvailles » ; plaisirs communs aux deux protagonistes, même au cheval, car lui aussi est un animal de contact. En thérapie équestre, le cheval incite à la relation et oblige le passage à un état d’indépendance. En effet, sans demande, le cheval ne fait rien ou ne suit que son instinct, ce qui entraîne crainte, mécontentement ou frustration du cavalier, l’obligeant ainsi à poser des actes et à tendre vers un état plus indépendant.

Nathan éprouve un attrait certain pour Fripon, c’est « [son] poney ». Il le cajole, lui fait des caresses, des bisous. Il montre son impatience de le retrouver et sa joie de le voir. Il est triste de le laisser mais sait qu’il sera là la semaine prochaine.

C’est là qu’intervient le troisième processus de maturation qui s’entremêle aux deux premiers : l’object presenting qui se définit comme le sentiment, pour le petit enfant, d’être tout puissant ; l’enfant pleure, la mère accourt, donc satisfait immédiatement le besoin. Le plaisir réciproque (mère-enfant), l’investissement des mêmes objets, des mêmes activités, sont des conditions nécessaires et primordiales au processus d’intégration. La distance entre la volonté et la satisfaction de celle-ci entraîne le désir de se différencier. Pour vivre quelque chose avec le cheval, le cavalier doit se différencier. Cet investissement atteint toute sa puissance si l’on prend en compte l’affectivité qui unit l’enfant à son cheval. Les enfants vont parfois jusqu’à en faire un objet transitionnel. On parle d’objet transitionnel comme d’un objet caractéristique de la faculté que développe l’enfant pour établir des relations avec des objets autres que la mère. C’est un objet qui établit un espace transitoire entre le monde de l’enfant et l’épreuve de la réalité.

 

Pour Frédéric, son poney préféré est Caramel. Caramel est un shetland1et Frédéric est un peu grand pour le monter. Malgré cela, une relation à pied s’est instaurée entre les deux protagonistes. Frédéric monte régulièrement Hook (plus adapté à sa taille) mais, après chaque séance, se rend dans le box de Caramel pour lui raconter sa séance. Il le fait sans doute pour être entendu mais ne parvient à nous donner les informations en direct.

 

A poney tous les sens sont sollicités.

Le toucher avec le contact aux poneys et aux différents objets (filet, selle, tapis…). Le toucher est le plus primitif de nos sens. C’est par le toucher que le bébé prend contact avec le monde qui l’entoure. Porté, le cavalier est en contact intime sur le dos du poney. La pression des jambes et le mouvement du bassin pour avancer s’ajoutent à la communication avec la bouche grâce aux doigts sur les rênes.

La vue avec des gestes à imiter, des objets à reconnaître, à déplacer, le fait de regarder l’autre, de rentrer en contact visuel avec lui. L’observation de tout ce qui se passe au poney club lieu perpétuellement en mouvement.

L’audition avec les demandes et les différents sons qui gravitent autour du poney. Le cavalier écoute les paroles de l’enseignant qui soutiennent, expliquent et donnent de l’assurance. Parfois il faut beaucoup parler pour aider le cavalier et l’amener à l’exercice. Le silence de l’enseignant permet également au cavalier de s’ouvrir aux bruits extérieurs (son poney, oiseaux, autres cavaliers…)

L’olfaction avec toutes les odeurs propres au poney et à son environnement. L’odeur d’écurie enveloppe le poney club. La paille, le foin, les granulés, l’urine, les cuirs la compose. La cavalier peut être attiré par l’odeur de son poney. L’activité poney offre également la possibilité de découvrir les odeurs de la nature, arbres, herbes fraichement tondue…

 

Le poney est un très bon outil pour le développement de tous les sens ce qui aide le cavalier dans ses capacités relationnelles.

 

Hélène BRIAND

1 Poney de petite taille

 

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